Constellation
Marilyn Monroe

Mustangs, Molly, Mocambo, Hollywood, et Actors Studio

 

Cette constellation a pour point de départ une photographie de Marilyn Monroe, assise sur un tourniquet, lisant Ulysse de Joyce. Nous sommes en 1954, Marilyn est déjà une grande star, mais Hollywood la considère avant tout comme un sex symbol, et non comme une artiste. Elle tient le livre de Joyce ouvert au niveau du dernier chapitre, celui de l'immense  monologue intérieur de Molly Bloom, une plongée magnifique dans le flot des fantasmes d'une femme. Marilyn est en maillot de bain, mais elle n'aguiche pas, sa pose n'est pas glamour, ses yeux sont concentrés sur le texte, elle semble respirer au rythme de Molly, dont les pensées sur l'amour et les hommes, alternativement terribles et attendries, pleines de désirs crus et de fortes répulsions, évoquent souvent ce qu'on peut lire dans les propres écrits intimes de Marilyn. Molly Marilyn... Aux deux femmes en présence, s'en ajoute une troisième : c'est Eve Arnold, la photographe. Pour une fois, ce n'est pas le regard d'un homme qui se pose sur Marilyn. C'est comme si Eve Arnold lui donnait la liberté de ne pas prendre la pose, de ne plus se conformer à l'image que les hommes attendent d'elle; Marilyn n'a plus à faire sa Marilyn, ce personnage qu'elle a inventé pour leur plaire.